In fluence, in situ

Performance de danse et installation sonore in situ

Extraits de la pièce In fluence in-situ présentée à l’Abbaye de Royaumont

Trois danseurs, tels des algues immergées dans les courants d’une eau invisible. Passant alternativement de la quasi immobilité à d’intenses évolutions, les performeurs matérialisent l’aller et le retour du ressac, les courants tourbillonnant, ou encore les infimes turbulences de la masse liquide dans laquelle ils sont pris, et dont petit à petit ils donnent une conscience meditative au spectateur.

L’espace de jeu comporte une installation sonore, structure légère de bambous suspendus au-dessus des interprètes et diffusant une ambiance musicale entre souffles et ruissellements. Ce dispositif renforce la référence à l’eau par la nature même du bambou et le fait qu’il soit suspendu au dessus d’eux accentuant l’effet d’immersion des performeurs et des spectateurs.

In fluence évoque, sous une forme allégorique, le dense et puissant réseau des influences sociales, culturelles ou affectives dans lesquelles nous sommes pris. Celles-ci s’imposent à nous de manière plus ou moins prégnante, de façon consciente ou inconsciente, avec des effets bénéfiques ou néfastes, mais sans jamais vraiment nous laisser de repos.

Au travers de la métaphore de l’eau, la chorégraphe met en scène cette « matière abstraite », dont la dynamique résulte de l’alchimie complexe et subtile des courants extérieurs qui nous meuvent, nous traversent, et ressortent marqués par notre propre influence qui se portera sur les autres. Ainsi sommes-nous pris indéfiniment dans un cercle d’effets psychologiques, qui donnent forme à l’humanité.

La technique chorégraphique, ancrée dans la danse contemporaine, est notamment issue de la recherche à l’oeuvre dans le Butô Japonais. Elle est basée sur une forte fabrication imaginaire, ici la sensation de l’eau, sa matière, sa texture et ses dynamiques, qui anime les interprètes, se matérialise par leurs corps et s’étend au-delà, dans la relation aux autres corps en présences, jusqu’à envahir l’espace de jeu.
Les danseurs se montrent entièrement soumis sans résistance à l’influence des courants qu’ils projettent. Mais dans le même temps, ils s’établissent dans une posture de recul, avec un regard intérieur observant ces courants qu’ils subissent.

Au plan musical, la recherche du compositeur, s’appuyant sur un travail de spatialisation du son aux sources différenciées, est centrée sur la création d’un environnement combinant l’intimité sonore minimale à la sensation d’un espace de large amplitude.

La pièce In Fluence est, dans sa forme actuelle, un dispositif sonore autonome qui peut être experimenté par les spectateurs librement et dans lequel se réalise de manière périodique la performance d’une durée de 20 minutes, les performeurs sortant du public. La performance elle-même est multifrontale.

Equipe artistique
Chorégraphe : Efi Farmaki
Installation sonore : Alessandro Perini
Interprètes : Lucie Gemon, Marta Capaccioli, Pierre Theoleyre

Installation sonore de bambous suspendus réalisée et présentée dans le Réfectoire des Convers de l’Abbaye de Royaumont en août 2018 dans le cadre du programme Prototype V.